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Paris – Affrontements avec les CRS après la fête du travail

Affrontements avec les CRS le 1er mai place de la Nation

Paris, place de la Nation

Le cortège est séparé en deux par les CRS, les casseurs, en tête, sont attendus place de la Nation

 

1er mai – Paris – Place de la Nation – Les manifestations ces jours-ci sont tendues entre casseurs et CRS. Pendant la fête du travail les CRS séparent en deux le cortège. La tête, qu’ils estiment contenir les individus les plus violents est séparée du reste. Les CRS encerclent la place de la Nation pour les recevoir.


La place de la Nation transformée en un nuage de lacrymogène

 

À ma sortie du métro place de la Nation je sens déjà les gaz lacrymogènes très présents. Je sors de la bouche de métro et j’arrive dans un épais nuage de bombe lacrymogène. Les CRS sont sous tension et il faut souvent montrer patte blanche pour ne pas recevoir un coup de matraque. Journaliste, photographe, casseurs, malgré nos brassards et notre équipement certains CRS ne semblent pas faire la distinction.

Première interpellation sous tension

 

Première interpellation que je vois, je vais prendre une photo près de l’individu. Mais avant de l’atteindre deux CRS courent sur moi matraque en l’air. Je lève les mains, je crie et j’évite les coups. Mon objectif photo conservera un poc. Plusieurs fois je serais violemment écarté par des CRS ensuite. Beaucoup de tension et de haine ambiante. Ici ça s’est calmé. Je fais le tour de la place, et c’est boulevard du Trône que les hordes de CRS font blocage. Des dizaines de camions de CRS équipés de barrières font barrage aux manifestants, qui eux se cachent tant la démonstration policière est impressionnante. Plusieurs fois on entend aux hauts-parleurs « Veuillez évacuer la place, dernière sommation avant que nous fassions usage de la force » …

Des CRS en masse barricadés devant des casseurs fantômes

 

Ils mettent toutes les sirènes en route d’un coup pour impressionner. Mon sentiment est parfois bizarre. Je ne vois pas grand monde à part des CRS et des journalistes entre les fumées des lacrymogènes. Au niveau du blocus CRS une poubelle est brûlée, un jeune homme est assis sur un siège, seul à leur faire face. Une manifestante visiblement pacifique est, elle, dos aux CRS et face aux quelques casseurs qui viennent de temps en temps jeter quelques cailloux et quelques bières. Ce qu’elle fait est dangereux, moi-même je regrette de ne pas avoir de casque. Trois énergumènes visiblement éméchés tiennent une banderole et font face aux CRS en riant et en les insultant. Il ne se passe finalement pas grand-chose.

Un sentiment étrange et une paix fragile

 

Mon sentiment après avoir vu tout cela est étrange. La tension était grande des deux côtés, et les CRS semblaient vouloir autant en découdre que le peu de manifestants … C’est sûrement l’accumulation de toutes les provocations des manifestations précédentes qui ont cristallisé cette tension. Mais les CRS ont les armes et ne devraient pas céder aussi facilement à l’envie de vengeance, de représailles. Lorsque tout était fini le dernier escadron de CRS s’en allait à reculons, devant des manifestants moqueurs debout sur une des buttes. Ils rient, et dans le tas bien sûr quelques-uns insultent, provoquant les CRS … une bière est jetée et casse sur le sol. Un des CRS de l’escadron s’énerve et charge son lanceur d’une bombe lacrymo. « Non, non ! ». Ses collègues l’arrêtent avant qu’il passe à l’acte, lorsque la paix est revenue, un rien peut la rompre. Je pense que c’est ça le pire dans ce genre de situation tendue. Les uns comme les autres déplorent les actes de certains d’entre eux, d’un petit nombre, d’une minorité. Je crois que les CRS dénoncent autant les exactions d’un petit nombre de leurs collègues qui n’ont pas assez de sang-froid, qui vont taper au sol le petit con qui les a insulté avant, comme les manifestants déplorent les quelques idiots, trop jeunes, trop alcoolisés, trop provocateurs, qui décrédibilise la masse en lançant quelques cailloux récoltés en cassant les trottoirs de la place. À un moment à côté de moi un jeune de 18-20 ans lance un projectile. Il n’est pas cagoulé, il a juste mis son foulard devant son visage. Il est bien habillé, chaussures bateau et cheveux mi-longs bien coiffés, il semble être sorti de l’appartement de ses parents dans le 16ème pour venir jouer à la guerre avec les CRS, pour prendre son shoot d’adrénaline.

Jouer à la guerre

 

Car aussi horrible que cela puisse paraître on a l’impression que ce jeu amuse les deux côtés, même moi, foulard anti-poussière et lunettes du Burning Man sur la tête j’essayais d’ouvrir les eux dans les gaz des lacrymo pour capturer la bonne image… M’approcher des CRS lors des interpellations pour prendre un cliché parlant sans prendre de coup. Et l’adrénaline tout le monde aime, même si tout cela n’est vraiment pas un jeu, et que tout ce que j’ai vu était franchement triste.

Sûrement pour éviter l’affrontement, on peut quand même déplorer la méthode des CRS qui a consisté à littéralement arroser la place de la Nation de lacrymo, provoquant l’incompréhension des voisins et des passants que j’ai vu sortir de chez eux les yeux rouges, pleurant, mouchoir sur la bouche et courant pour s’extraire de cette petite guerre civile.

Un point de vue à nuancer

 

Je tiens quand même à nuancer mon point de vue avec celui d’un ami d’enfance qui est maintenant CRS et qui est venu m’apporter son point de vue. Les conditions sont dures et ils ont eu de nombreux collègues blessés dans les dernières manifestations. Ils sont le punching ball de la société qui en veut au gouvernement et qui manifeste son exaspération. La police n’est en rien responsable des choix du gouvernement.

Le combat n’est pas non plus égal, les manifestants sont là parce qu’ils sont libres de venir ou pas, alors que les CRS ne font que leur travail. Ils doivent faire ce qu’on leur dit et veulent juste rentrer chez eux sains et saufs, en étant conscients que la violence est montée d’un cran dans les manifestations.

J’ai vu aussi ces rangs de CRS alignés et immobiles essuyer des pluies de projectiles en tout genre, bières, pavés, cailloux, peintures, etc … maniant leur bouclier pour les éviter, et tout cela sans broncher. Résister aux provocations avec sang froid de nombreuses fois.

On comprend comment la haine monte dans chacun des camps …